Claire Renard "... Là où tombe la lumière"

Le cristal est un instrument poétique aux sonorités tout à la fois lumineuses et profondes, qui demande à être apprivoisé, une sculpture à multiples facettes dont les richesses sonores et spatiales sont à découvrir à travers les doigts de l’interprète.

Avec Catherine Brisset, il y a eu la rencontre de deux imaginaires, celui de l’interprète et celui de la compositrice.

C’est d’abord à travers des improvisations enregistrées destinées à une de mes pièces électroacoustiques que j’ai fait connaissance avec les possibilités de cet instrument tout à la fois harmonique et percussif, aérien et terrestre. L’envie est venue plus tard « d’écrire » une pièce élaborée qui ferait la part belle à cet instrument, aux richesses toujours à explorer, aux surprises qu’il réserve... sans prévenir !

Tâtonnements, allers et retours entre gestes et écriture, découverte de techniques diverses pour produire matières, grains, dynamiques, effets, le projet compositionnel s’est confronté et nourri des propositions de Catherine. Son inventivité, sa virtuosité, son écoute n’ont cessé de susciter ma réflexion pour être au plus juste de l’univers que je voulais créer. De cette collaboration à la fois concrète et poétique, est née « ...Là où tombe la lumière... », le cristal Baschet, se mêlant aux sons subtils de la contrebasse de Florentin Ginot et des percussions d’Eve Payeur, une œuvre en suspension dans l’espace immatériel de ces sonorités profondes traversées d’éclats de lumière, d’attentes et de silences.

« ...Là où tombe la lumière » a été créé et enregistrée le 2 juin 2017 dans le cadre de l’émission Alla Breve d’Anne Montaron / France Musique et diffusée dans son intégralité le 2 juillet 2017.
Plus d'informations sur l'émission : Alla Breve, sur France musique





Sébastien Béranger

Le cristal (mai 2007)

Le cristal est un instrument paradoxal ; primitif et essentiel dans son rapport au sonore. Face à une multitude de perspectives encore inexplorées. Quasi immature, mais dont la jeunesse est compensée par l'ouverture d'esprit et l'artisanat des apprentis sorciers qui le façonnent et le pratiquent.
Paradoxal, car inclassable ; ni réellement percussion, ni corde frottée. Assujetti à la matière, mais composé de matériaux multiples – voire variables... Instrument si riche en modes de jeu qu’il serait réducteur et dommageable de tenter de le catégoriser…
Paradoxal, car intemporel ; le frottement du doigt sur le verre est élémentaire. Le timbre renvoie aussi bien aux premiers orgues moyenâgeux qu’aux sons électroniques actuels. Aussi à l’aise dans les transcriptions de Bach que dans le répertoire contemporain qu’il suscite.
Paradoxal, car inaccompli ; sorte de chrysalide étonnée devant son évolution, cherchant encore sa voie, établissant peu à peu sa position faces aux instruments traditionnels, développant sa relation avec l’électroacoustique et l’amplification, tâtonnant face à une mutation pleine de possibles…


"En verre et contre tout"

"En Verre et contre tout" est une pièce de toucher. L'idée de toucher ne vient pas d'une éventuelle tradition de l'étude (l'idée du toucher pianistique ayant traumatisé plus d'interprètes que nécessaire), mais découle du rapport physique à l'instrument, à sa mise en vibration, au jeu et à la caresse ; de la pichenette aux frottements...
La pièce déploie des possibles, tel un prélude sans conséquence, sans développement. La pièce multiplie les approches et les timbres, si particuliers et atypiques du cristal. La pièce s'expose et disparaît...





Jean-Yves Bosseur "En transparence"

Dans En transparence (2006), j’ai cherché à mettre en évidence les timbres inédits qui peuvent émerger de la confrontation entre un violon, un violoncelle et un cristal Baschet, comme si les sonorités bien connues des deux instruments à cordes en venaient à se dépayser au contact de celles du cristal. Ainsi ai-je choisi de jouer sur des phénomènes d’écho, de résonance, susceptibles de se propager d’un instrument à un autre, afin de ménager, selon les cas, toutes sortes de transition et de contraste entre eux, des plus insensibles aux plus explicites.

Fort de cette expérience, pour moi très fertile avec le cristal Baschet, j’ai imaginé l’année suivante une nouvelle forme d’alliage de timbres, en couplant cette fois celui-ci avec un clavecin, dans Clavecin en cristal. Il me semblait en effet intéressant de jouer à la fois sur des propriétés communes, en particulier la dimension polyphonique, et sur des caractéristiques de modes d’attaque en apparence antagonistes, mais en définitive tout à fait complémentaires.





Eryck Abecassis "Skylamp"

L'ordinateur est un instrument qui construit des sons, mais qui est aussi capable d'avaler les influx sonores extérieurs pour en restituer de totalement nouveaux. Ces transformations peuvent être déroutantes par leur radicalité, mais reposent à la fois les questions et définitions de : son réel, source, appropriation. Dans Skylamp un troisième instrument naît donc de l'hybridation des deux autres. Tout ceci fabrique au fil du jeu une sorte de système symbiotique délimité par la rigoureuse complicité des deux interprètes.





Thierry Alla "Nébuleuse"

Ma première rencontre avec l’instrument de Catherine Brisset a été très fascinante. Les sons cristallins, les différents modes de jeu possibles, percussifs, sons entretenus, sons à grain, des dynamiques à la fois très douces et explosives offraient tout un matériau propice à mon imagination. L’écriture, en revanche, ne m’apparaissait pas très évidente. Si le jeu à deux mains sur un clavier peut faire penser à une écriture pianistique, il faut néanmoins trouver un mode de jeu très différent afin de travailler le son en profondeur. Il s’agit donc d’un instrument du timbre avec des modes d’émission du son sur les tiges de cristal proche des cordes frottées et des jeux possibles aux baguettes en plusieurs endroits de l’instrument. Pour éviter un brouillage sonore, l’instrumentiste doit respirer comme s’il jouait d’un instrument à vent. Nous sommes donc en présence d’une palette de timbres très riche et colorée. J’ai souhaité prolonger l’écriture instrumentale par des moyens électroacoustiques. La bande ne contient que des sons du Cristal mais transposés, permettant ainsi d’obtenir des fréquences dépassant le registre habituel de l’instrument. La transformation des sons par des processeurs d’effet (réverbération, échos, flanger), contribue à la coloration de l’espace sonore.





Simon Bertrand "D’ombre et de lumière"

"D'ombre et de lumière " est une oeuvre en trois parties représentant successivement l'apparition, la contemplation puis l'implosion d'un matériau sonore exploitant les contrastes des couleurs lumineuses et sombres qu'offre le Cristal Baschet.
L'Harmonie et le matériau linéaire y sont en partie, mais de façon non systématique, inspiré du phénomène des harmoniques naturelles et d'une sérialisation du mode octatonique, aussi appelé mode 2 de Messiaen.
"D'ombre et de lumière" a été composée en 1997 est dédié Catherine Brisset.





J.C. Adam Walrand "Le vaisseau de verre"

Soutenue par une intense expression dynamique, sa musique explore les ressources instrumentales. Selon des rythmes de façonnements liés à des mouvances d’énergies sculptées dans leurs textures, celles-ci se diffusent et se déploient « dans le temps filigrané des épaisseurs’. Le matériau de cette œuvre est à l’origine d’un cycle de onze Préludes Océaniques pour piano.
Pièce écrite en 1987 pour le Cristal-Baschet et créée le 25 juin 2006 à la Frac de Borgogne -Dijon- (association Cumulus- festival why note) par Catherine Brisset